Les collaborations entre écoles et institutions culturelles peuvent s’établir en Afrique, et être porteuses de nombreux benefices pour l’éducation artistique des plus jeunes. Mais la réussite de ces partenariats repose en grande partie sur les intervenants qui vont assurer la médiation entre l’art contemporain et les élèves. Trouver le bon profil d’artiste-médiateur s’avère donc crucial. Quelles sont les compétences à rechercher ? Où dénicher ces talents ? Analyse de plusieurs pistes pour un recrutement optimal.
Pour une école désirant nouer un partenariat autour d’un projet d’éducation artistique, la solution a priori la plus simple est de s’adresser directement aux institutions culturelles avoisinantes. La plupart des musées et centres d’art d’envergure disposent en effet d’équipes dédiées à la médiation culturelle et à l’accueil des publics scolaires.
Ces services éducatifs emploient des médiateurs culturels, souvent avec un profil d’artiste, qui peuvent intervenir lors de visites scolaires ou d’ateliers pédagogiques. Ils connaissent parfaitement les expositions et la ligne artistique du lieu. Ils sauront faire découvrir les œuvres et apporter des clés de compréhension.
Pour l’école, cela présente l’avantage de bénéficier automatiquement de l’expertise de ces médiateurs, qui plus est à un coût généralement modéré voire pris en charge par l’institution. Un gain de temps également, en évitant des recherches fastidieuses.
Attention toutefois, ce confort apparent cache parfois des écueils. La vision peut manquer de recul car ces médiateurs sont avant tout au service de l’institution qui les emploie. Par ailleurs, le turn-over peut être important au sein de ces équipes. Difficile dans ce cas de créer des partenariats pérennes entre l’artiste-médiateur et l’établissement.
Autre piste prometteuse pour dénicher la perle rare : se tourner vers les nombreuses plateformes de recrutement généralistes ou spécialisées dans les métiers de la culture.
De multiples sites d’offres d’emploi existent avec des annonces ciblées sur les postes de médiateurs culturels ou d’intervenants en milieu scolaire. Les candidatures spontanées peuvent aussi fournir des profils pertinents. Les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn permettent également de trouver des profils et d’entrer directement en contact avec eux.
Cet éventail de ressources présente l’avantage de toucher facilement un grand nombre de candidats potentiels. Les recherches peuvent se faire sur des critères précis de compétences et d’expérience. Inconvénient : le manque de proximité, la difficulté à vérifier concrètement les qualifications. Un tri rigoureux s’impose.
Pour plus de proximité et d’ancrage, pourquoi ne pas directement solliciter des artistes et intervenants culturels basés dans la même zone géographique que l’établissement scolaire ?
Cette option présente de multiples avantages. Ces professionnels sont déjà immergés dans le tissu local et la vie culturelle environnante. Ils en connaissent les enjeux spécifiques. Leur intégration n’en sera que facilitée.
Surtout, nouer des partenariats à long terme sera plus aisé qu’avec des intervenants extérieurs de passage. Les artistes locaux peuvent s’impliquer sur le long cours dans les projets scolaires, en assurant un suivi dans la durée mais ils doivent avoir un minimum de compétences artistiques et pédagogiques .
Pour les identifier, divers réseaux existent : annuaires d’artistes locaux, collectifs regroupant divers profils créatifs, associations culturelles… Les institutions locales ont aussi souvent des listes d’intervenants culturels réguliers. A défaut, le bouche-à-oreille fonctionne bien.
Cette immersion locale présente un défaut : un risque d’entre-soi. D’où l’intérêt de varier les sources pour bénéficier d’approches diversifiées.
Quelle que soit l’origine des candidats, leurs compétences artistiques restent évidemment un critère déterminant. Les artistes-médiateurs doivent maîtriser pleinement leur art pour transmettre des contenus de qualité et emmener les élèves au-delà des poncifs.
Selon le type de projet envisagé, différents arts plastiques peuvent être pertinents : peinture, sculpture, photographie, street art, bande dessinée, vidéo… L’essentiel : que l’artiste ait une pratique régulière, enrichie par des formations ou une activité professionnelle dans sa discipline.
Des connaissances éclectiques sur l’histoire de l’art sont aussi un plus indéniable pour contextualiser les apprentissages, même si elles devront être adaptées à un jeune public.
En outre, la maîtrise de techniques multiples est un atout pour diversifier les approches : peinture à l’huile, gravure, modelage, numérique… L’artiste pourra ainsi initier les élèves à cette variété d’outils.
Certes, la maîtrise artistique est incontournable. Mais elle ne suffit pas : des compétences pédagogiques solides sont tout aussi cruciales pour ces artistes amenés à enseigner. Savoir n’est rien sans savoir transmettre.
L’artiste doit posséder une réelle envie d’enseigner, d’échanger et de faire découvrir son art. De la patience également, et une capacité d’adaptation à tous les élèves. L’art exige des efforts : il doit savoir les rendre attrayants.
La possession d’un diplôme dédié à la médiation culturelle est un gage de professionnalisme appréciable. A défaut, une expérience conséquente d’interventions en milieu scolaire sera utile. Une sensibilité à la pédagogie active est requise.
L’artiste doit être capable de concevoir des activités créatives adaptées à chaque groupe d’âge, en dosant bien l’apport théorique et la pratique. Le tout de façon ludique et motivante. Un vrai défi !
Idéalement, l’artiste-médiateur pressenti devra avoir une connaissance préalable du milieu scolaire africain et de ses enjeux spécifiques. S’il a déjà enseigné sur ce continent, c’est un prérequis très appréciable.
Cette familiarité avec le contexte éducatif local est un gage pour des interventions pertinentes. Par exemple, l’artiste saura composer avec des classes pléthoriques. Ou exploiter au mieux des ressources matérielles parfois limitées.
La connaissance de la culture et des traditions du pays seront également des atouts. Les références culturelles à insuffler dans les enseignements n’en seront que plus signifiantes. Idem pour les matériaux locaux employés.
Bien sûr, à défaut d’expérience africaine, la motivation à s’immerger dans ce contexte est un bon point de départ. L’essentiel est d’éviter les intervenants déconnectés des réalités du terrain.
Au-delà des compétences, des qualités humaines et relationnelles essentielles sont à prendre en compte chez ces artistes-médiateurs. Des profils à l’écoute, capables de s’adapter à une grande variété de publics et de situations.
La capacité à travailler en équipe est primordiale pour s’intégrer harmonieusement au sein du corps enseignant. Savoir échanger en amont avec l’équipe pédagogique est un gage de projet réussi.
Par ailleurs, l’artiste doit faire preuve de flexibilité pour s’ajuster aux différents groupes d’élèves. Chaque groupe-classe possède sa dynamique propre. L’intervenant doit savoir en tirer parti, en modulant son approche.
De même, s’adapter aux installations et aux ressources accessibles sur place est indispensable. Mieux vaut des dispositifs simples mais bien maîtrisés.
Enfin, une réelle envie de transmettre et de s’enrichir au contact des élèves est cruciale. Les enfants sentiront et apprécieront cette sincérité.
Au-delà de ces compétences, l’artiste-médiateur doit posséder quelques qualités clés pour mener à bien sa mission première : susciter l’intérêt des élèves pour l’art. Comment insuffler de l’enthousiasme à ces jeunes publics d’Afrique ?
Tout d’abord, en favorisant au maximum leur participation active lors des ateliers, sous des formes ludiques et accessibles. Le rôle de l’intervenant : les guider progressivement, pas à pas.
L’introduction de méthodes d’apprentissage innovantes et d’outils numériques peut aussi renforcer l’engagement des élèves. Ces natifs du numérique sont souvent sensibles à ces approches immersives.
Alterner les temps collectifs et le travail individuel permet de multiplier les interactions. L’entraide dans de petits groupes est à encourager également.
En outre, une approche multidisciplinaire, associant plusieurs matières autour d’un projet artistique, aidera à maintenir la motivation dans la durée.
Enfin, valoriser publiquement leurs productions, via des expositions notamment, donnera aux élèves une fierté méritée. De quoi stimuler durablement leur goût pour la création !
Bien plus qu’un simple enseignement magistral, ces ateliers doivent être des espaces de liberté pour que s’exprime pleinement la créativité de chaque élève. L’intervenant doit se garder d’imposer une vision unique et laisser place à l’inattendu.
S’abstenir de tout jugement est essentiel. Chaque production, si hésitante ou imparfaite soit-elle, mérite d’être valorisée pour stimuler la confiance en soi de l’enfant. Seul l’effort créatif compte.
L’artiste veillera également à laisser le maximum d’autonomie, tout en apportant un soutien technique aux élèves. Leur proposer divers matériaux et supports pour explorer de multiples possibles.
Par ailleurs, il est primordial que les consignes de l’atelier restent souples. Pas de modèle figé à reproduire : l’imaginaire personnel prime. Une grande liberté d’interprétation doit être accordée.
Enfin, prendre le temps nécessaire à l’éclosion des idées est capital. La création exige tâtonnements et patience. L’essentiel est de maintenir vivace cet élan créatif propre à l’enfance.
La réalisation de projets scolaires autour de l’art en Afrique représente une opportunité éducative précieuse à bien des égards. Elle peut marquer durablement le parcours des élèves. Mais cette réussite repose en grande partie sur le choix d’intervenants artistes de qualité, riches de multiples talents complémentaires.
Créativité, expertise pédagogique et connaissances culturelles doivent se combiner chez ces artistes-médiateurs pour mener à bien leur mission délicate. S’adresser aux bonnes structures, examiner avec soin le profil de l’artiste-médiateur et bien définir ses besoins : un investissement initial indispensable avant de se lancer dans l’aventure !